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L'Orage de Vivre

14 mars 2015

Heures froides

givre

 

Entendez le bruit sourd

De la glace qui se fend

Sous le manteau si lourd

De l’hiver et des ans.

 

Les derniers sons voltigent

Et des flèches de cristal

Piquent leur pointe d’opale

Dans mon cœur qui se fige.

 

Tout ici s’abandonne

Aux bras blancs de madone

Dont les forêts se parent.

 

Et la nuit de carbone

Dans sa gangue de givre

Me caresse et frissonne.

 

                                                                   Laurence Hirbec

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12 septembre 2014

Le Havre

 

cargo havre

Les cargos traînent vers le port
Et c'est le monde qui défile
A l'heure grise où monte encore
Ta voix en moi, indélébile.


Appareiller loin vers le Nord,
Le regard vide et l'âme lasse,
Glisser aux yeux du sémaphore
Dans l'eau noire que la lune embrasse.


Jeter mes clés par dessus bord,
Quitter le temps, quitter la terre,
Ne plus me tourner vers babord
Jusqu'aux abords du Finistère.


Laisse ma peine périr en mer,
Laisse ma joie refaire surface,
Boire à ta bouche un goût amer,
Marée de brume où tout s'efface.

 

                                       Laurence Hirbec

23 mars 2014

Vestiges du jour

 

vestiges jour

L’heure est venue de quitter l’enchanté rivage,

Les goélands tanguent et planent dans l’air du soir

Scrutant les débris aux abords des balançoires ;

Ronde vigilante et frénétique pillage !

 

Les goélands tanguent et planent dans l’air du soir ;

Un lent tourbillon mène mon cœur au naufrage,

Ronde vigilante et frénétique pillage !

La mer a la noirceur d’un immense mouroir.

 

Un lent tourbillon mène mon cœur au naufrage,

Un cœur épuisé de devoir et de vouloir,

La mer a la noirceur d’un immense mouroir ;

Le soleil darde encore sur les rochers sans âge.

 

Un cœur épuisé de devoir et de vouloir,

Que sauvera peut-être un lumineux présage.

Le soleil darde encore sur les rochers sans âge.

La brise vespérale siffle son chant d’espoir.

 

                                                           Laurence Hirbec

1 février 2014

Grisailles

gare nord neige

 

 

Tu vois, c'est ce qui reste,

Peu de choses à vrai dire,

Il me faudra partir,

Sans un cri, sans un geste.

 

Demain serait trop tard,

Tu sais, ce n'est plus l'heure,

Ni des fruits, ni des fleurs,

Et mon train rentre en gare.

 

La nuit pleut sur les rails,

Perles bleues sur la ville,

De grisaille en grésil,

Tu es là, où que j'aille.

 

Lorsque vient l'air du soir

Et que baisse le jour,

Et si long, et si lourd,

La nuit est belle à boire.

 

                                        Laurence Hirbec

31 janvier 2014

Rocher de chair

mer

 

Parvenue au creux d’une crique, à longues brasses,

Je voudrais accoster ce rocher ténébreux,

M’y reposer comme sur un homme amoureux

Dans l’onde verte caressant ma nuque lasse.

 

Mais troublée par ses trop miroitantes facettes,

Je peine à évaluer sa profondeur,

Son réel contour, son espérée douceur,

Puis ses aspérités et ses failles secrètes.

 

En lentes arabesques, je veux le cerner

Jusqu’à effleurer la fermeté de sa pierre,

Son intime relief que les mers exaspèrent,

Et l’algue vénéneuse qu’il a emprisonnée.

 

Alors, confiante enfin, y déposer mes reins

Sur sa plus douce plage, y dérouler mon dos,

Abandonner mes bras aux mouvements des flots

Et imprimer en moi ce rivage serein.

 

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22 janvier 2014

Mirage

mirage



Au fil de mes jours,

Je n’aurai eu de cesse

D’oublier ce qui blesse

Quand meurent les amours.

 

Si peu de nous l’on laisse

Lorsque luit notre mort,

Croyant que rien ne presse

Et que viendra l’aurore.

 

Si court est le parcours

Qu’à peine commencé,

Ce chemin où je cours

Aura bientôt cessé.

 

Que l’on m’accorde une heure

Encore, car je ne sais

Si tout n’était que leurre

Quand la vie me berçait.

 

Pourquoi ces ans passés

A larguer les amarres

Quand quelques temps plus tard

Il faut y renoncer ?

 

Ou n’était-ce qu’un songe,

Le nébuleux mirage,

Le lumineux mensonge

De nos bonheurs volages ?

 

                                Laurence Hirbec

22 janvier 2014

Grandes marées

 

marees

Quand l’océan monte prendre d’assaut les terres,

Quel combat ! Contemplez les lames qui se brisent

Dans un jaillissement sourd sur la digue grise,

Et sentez la démesure des vieux adversaires.

 

Parfois, les vagues viennent seulement flirter,

Mais mugit bientôt une houle impétueuse,

Qui explose en une gerbe majestueuse,

Puis bave en pluie sa colère sur la jetée

 

Tandis que s’élève sa brume pétillante,

En une étourdissante lessivée marine.

Derrière déjà, qui se prépare, on la devine,

Fière et portant haut son écume menaçante,

 

Nouvelle cavalcade, troupeau de flots sauvages,

Qui du ressac a déjà renforcé ses rangs,

Unifiés dans cet acharnement sidérant

Sur un quai de granit dédaignant ces outrages.

 

Quand cesseras-tu donc, tempêtante houle ?

Ton inlassable charge, tes coups de boutoir,

Claques magistrales ? Sais-tu que de toi je suis saoule ?

 

                                                            Laurence Hirbec

17 janvier 2014

Crépuscules

crepuscule

 

Vois la nuit qui se pose

Au coeur bleu de tes songes,

Vois l'ombre qui s'allonge

Sur ta vie, sur les choses.

 

Et s'il te faut partir

Vers un ailleurs de miel,

J'ouvrirai d'autres ciels

Dans le soir qui s'étire.

 

J'irai par l'Univers,

Les pieds nus vers le nord,

Chercher le nombre d'or

Au fond de mon hiver.

 

                                        Laurence Hirbec

 

 

30 décembre 2013

Comme un enfant

 

soleil staelA quelques années baignées de brume,

Sans un phare qui nous guide au loin,

Perdus à la croisée des chemins,

Voilà à quoi nos vies se résument.

 

Jetés du berceau à la cité,

Puis c’est l’amour qui claque et tonne

Dans les cœurs à qui l’on s’abandonne

Un instant comme une éternité.

 

Alors, avant que l’on m’enlève

Le son de ta voix qui me terrasse,

Et que d’un revers la vie me chasse,

Entends, aimé, mon ultime rêve :

 

Sur mon sein tu poserais ta tête

Et t’endormirais comme un enfant,

Cela durerait au moins mille ans,

D’y songer déjà m’est une fête.

 


                                                 Laurence Hirbec

20 décembre 2013

Peu m'importe

 

 

pluiePeu m’importe la pluie

Et la gifle du vent

Puisque le soleil luit

Dans mon âme d’enfant.

 

Peu m’importe le temps

Qui passe sans retour,

Si je n’ai qu’un instant,

Je veux qu’il soit d’amour.

 

Peu m’importe la fin

Des choses de ce monde

Car mon ange défunt

A quitté cette ronde.

 

Peu m’importe qu’un jour

Enfin tout cela cesse,

Mais te chercher toujours,

Mais te chercher sans cesse.

                                                

                                                       Laurence Hirbec

 

7 décembre 2013

Les enchaînés


 

Lentement, nous dressons autour de nous des grilles

Que nous ne savons plus comment escalader,

Prisonniers ne songeant plus même à s’évader

Pour libérer ce qui encore en nous pétille,

 

Ce désir inavouable de quitter les rails

Que nos peurs ont posés. Mais, traînant nos boulets,

Esclaves de nous-mêmes et pris dans le filet

Dont nous avons patiemment tissé chaque maille,

 

Nous ne voulons nous débattre, vassaux attachés

A nos mornes habitudes et au Dieu Devoir.

Si aucun amour ne vient nous y arracher,

 

Un jour, après avoir jeté dans la nuit noire,

Les clés du carcan qui nous bride et nous entrave,

Nous serons engloutis dans nos vides épaves.

 

Laurence Hirbec

 

 

 

10 novembre 2013

Transhumance

 

 

steppe

J’ai ravi le plus clair de mes jours

A rêver d’un pays de silence

Où l’air du temps me serait moins lourd,

Une terre de longue transhumance.

 

A mes pieds tout serait de velours,

Et je m’avancerais comme on danse

En ces lieux où le temps n’a plus cours,

Plus loin, au-delà de ton absence.

 

                                                         Laurence Hirbec

 

21 septembre 2013

Petite musique de nuit

 

 

cafeChaque jour, je pousse la porte cochère.

Dehors, quelques pigeons me claquent aux oreilles,

Multipliés par l’écho de la place en sommeil,

La petite fontaine crachouille sous le réverbère.

La cour de l’école se pare du tapage enfantin,

Appels de toutes parts et rires argentins.

Plus loin, les cloches déversent leur fanfare,

Je n’entends plus les sirènes sur le boulevard.

Peut-être es-tu là, dans la foule qui bourdonne,

Vive et légère comme un air qu’on fredonne.

 

Puis voici la rumeur et le bruit de verres

Du bistrot où j’ai toujours mon couvert :

J’entre, pose ma canne blanche et me rappelle

Qu’un jour, au son des tasses et des coupelles,

Tu avais joué de ta voix magnétique

L’air le plus doux du plus doux des cantiques.

 

Alors, le café entre les mains,

Je bois le tintamarre du bar.

Et je t’attends jusqu’à n’y plus croire.

 

Parfois, je te vois briller dans le noir.

 

                                                                  Laurence Hirbec

7 septembre 2013

Long courrier

reflet_femme

 

Je t’ai écrit de là où j’ai fui ton absence,

De là où un jour tu m’avais aimé,

Bien au-delà de mes terres d’enfance,

Mais ce n’était qu’un cri dans ton silence.

 

Je t’ai écrit du plus loin que je sache,

Je t’ai écrit des confins de mon être,

Je t’ai écrit perdu sur un bras de l’Amour,

Echoué là, entre le Pôle et Kuala Lumpur,

 

Puis ce fut le désert et ses mirages,

Rien n’y pousse, tu le sais bien,

Mais tu étais là, vibrante et sans âge,

Telle l’onde, qui file d’un rien.

 

Je t’ai écrit de tous les points du monde

Où tu m’avais mené,

Et puis vois-tu, je vais rentrer,

Car c’est ici que ma vie gronde :

Près de toi, même si tu pars.

 

Je changerai à Saint Lazare.

Ne m’attends pas. Il sera tard.

 

 

 

4 septembre 2013

Chemin de lumière

                                             

foret

   L’écho des cors

   Résonne encore

        Dans les bois

   Faisant frémir

   Mes vieux désirs

        Aux abois,

 

   Bientôt défunts,

   Muets enfin,

        Dépités .

   L’amère sève

   De ces vains rêves

         M’a quittée.

 

   Des jours entiers

   Par les sentiers

        De poussière,

   Je marche vers

   Un univers

        De lumière.

                                    Laurence Hirbec

 

 

31 août 2013

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

 

 

ponton1

 

Quelle folle équipée nous a donc embarqués ?

Destination oubliée dès quitté le quai !

Entraînés alors dans l’infernal engrenage,

Croyant en avoir décrypté les fins rouages,

Nous en avons conçu de curieux desseins,

Et depuis, avons-nous entendu le tocsin ?

Pourquoi cette cavalcade ? Ce rythme effréné,

L’inutile empressement de chaque journée ?

Pantins mus d’une dérisoire agitation,

Touts secoués de vaines trépidations,

Qui donc sommes-nous ? Des esprits bien trop serviles !

Esclaves consentant à des corvées futiles !

Pourtant si enivrés d’illusoire puissance,

Vile et névrotique accoutumance !

N’avons-nous pas, grisés de gesticulations,

Voulu renier notre mortelle condition ?

 

Quand sera en vue l’étrange débarcadère,

Soudaine révélation de notre misère,

Cesserons-nous enfin l’absurde pédalage

Pour exister avant le terme du voyage ?

     

                                                                   

                                                                                     Laurence Hirbec

 

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