Chaque jour, je pousse la porte cochère.
Dehors, quelques pigeons me claquent aux oreilles,
Multipliés par l’écho de la place en sommeil,
La petite fontaine crachouille sous le réverbère.
La cour de l’école se pare du tapage enfantin,
Appels de toutes parts et rires argentins.
Plus loin, les cloches déversent leur fanfare,
Je n’entends plus les sirènes sur le boulevard.
Peut-être es-tu là, dans la foule qui bourdonne,
Vive et légère comme un air qu’on fredonne.
Puis voici la rumeur et le bruit de verres
Du bistrot où j’ai toujours mon couvert :
J’entre, pose ma canne blanche et me rappelle
Qu’un jour, au son des tasses et des coupelles,
Tu avais joué de ta voix magnétique
L’air le plus doux du plus doux des cantiques.
Alors, le café entre les mains,
Je bois le tintamarre du bar.
Et je t’attends jusqu’à n’y plus croire.
Parfois, je te vois briller dans le noir.
Laurence Hirbec