Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Quelle folle équipée nous a donc embarqués ?
Destination oubliée dès quitté le quai !
Entraînés alors dans l’infernal engrenage,
Croyant en avoir décrypté les fins rouages,
Nous en avons conçu de curieux desseins,
Et depuis, avons-nous entendu le tocsin ?
Pourquoi cette cavalcade ? Ce rythme effréné,
L’inutile empressement de chaque journée ?
Pantins mus d’une dérisoire agitation,
Touts secoués de vaines trépidations,
Qui donc sommes-nous ? Des esprits bien trop serviles !
Esclaves consentant à des corvées futiles !
Pourtant si enivrés d’illusoire puissance,
Vile et névrotique accoutumance !
N’avons-nous pas, grisés de gesticulations,
Voulu renier notre mortelle condition ?
Quand sera en vue l’étrange débarcadère,
Soudaine révélation de notre misère,
Cesserons-nous enfin l’absurde pédalage
Pour exister avant le terme du voyage ?
Laurence Hirbec