Rocher de chair
Parvenue au creux d’une crique, à longues brasses,
Je voudrais accoster ce rocher ténébreux,
M’y reposer comme sur un homme amoureux
Dans l’onde verte caressant ma nuque lasse.
Mais troublée par ses trop miroitantes facettes,
Je peine à évaluer sa profondeur,
Son réel contour, son espérée douceur,
Puis ses aspérités et ses failles secrètes.
En lentes arabesques, je veux le cerner
Jusqu’à effleurer la fermeté de sa pierre,
Son intime relief que les mers exaspèrent,
Et l’algue vénéneuse qu’il a emprisonnée.
Alors, confiante enfin, y déposer mes reins
Sur sa plus douce plage, y dérouler mon dos,
Abandonner mes bras aux mouvements des flots
Et imprimer en moi ce rivage serein.
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